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Restrictions gouvernementales sur les travailleurs étrangers temporaires

Le 12 décembre 2024, une lettre conjointe des partenaires de la table filière porcine, dont l’AQINAC, a été publiée dans les médias au sujet des restrictions imposées par les gouvernements du Québec et du Canada à la venue de travailleurs étrangers temporaires afin de sonner l’alarme sur les risques pour la filière et leur demander de rectifier le tout. Cette lettre a été reproduite intégralement ci-dessous.


Il y aura de la tourtière et du ragoût de pattes à Noël, ensuite, ça pourrait être compliqué

Louis-Philippe Roy, président, Éleveurs de porcs du Québec
Martin Caron, président, Union des producteurs agricoles
Richard Ferland, président, Sollio Groupe Coopératif
Yanick Gervais, président-directeur général, Olymel
Stéphanie Poitras, directrice générale, Aliments ASTA
Sébastien Lacroix, président-directeur général, Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC)

Cette semaine avait lieu à Québec le Porc Show, rendez-vous annuel de la filière porcine, figure de proue de notre agroalimentaire avec 38 000 emplois dans toutes les régions, un chiffre d’affaires annuel de 3,7 milliards de dollars, et une place de choix à la table des Québécois, au réveillon et toute l’année durant. Notre industrie est aujourd’hui unanime : les restrictions imposées par les gouvernements du Canada et du Québec à la venue de travailleurs étrangers temporaires vont entraîner des répercussions dans toute la chaîne, de la ferme à l’assiette, en passant par les meuneries et les transporteurs. Et les consommateurs du porc du Québec vont en faire les frais.

Pour diminuer la pression sur les services publics et le logement, les gouvernements du Québec et du Canada ont décidé de freiner l’immigration et sont intervenus tour à tour depuis l’été pour limiter la présence des travailleurs étrangers temporaires.  Les fermes ont été exclues de cette révision, les travailleurs étrangers temporaires y étant nécessaires de l’aveu même des gouvernements. Les gouvernements ont reconnu que le secteur de la transformation était comme un prolongement des fermes et devrait donc lui aussi être à l’abri de la révision. Malgré cela, les gestes posés ne sont pas sans conséquences et la situation se détériore rapidement.

Chaque semaine, des travailleurs étrangers temporaires à l’emploi d’un abattoir ou d’une usine de transformation, s’en vont parce que leur permis arrive à échéance, et ils ne sont pas remplacés. Chaque semaine, des travailleurs attendus dans nos régions se font dire d’oublier le Québec.   Dans une usine, il en manque déjà 75. Dans une autre, 200 ne viendront pas. Le même scénario va se répéter partout.

Le changement est si brutal qu’il prend effet en moins de temps qu’il n’en faut à un porcelet pour grossir à la ferme. Il y a aujourd’hui des dizaines de milliers d’animaux qui sont élevés dans les fermes et on ne sait pas comment on franchira toutes les étapes du processus sans ces milliers de bouchers, caristes, mécaniciens, électromécaniciens, manœuvres et autres travailleurs difficiles à remplacer.

On va se retrouver dans le même état de crise profonde que pendant la pandémie, lorsque des éclosions de COVID-19 forçaient des interruptions de travail. Mais cette fois, ce ne sera pas une cause extérieure. Ce sera le résultat de décisions gouvernementales. Pour faire face à la désorganisation de la filière, il faudra prioriser. Il faudra, par exemple, déplacer des travailleurs vers l’abattage, au détriment de la transformation qui est la fonction qui génère le plus de valeur et supporte la rentabilité de l’industrie. Certains produits deviendront plus rares, d’autres plus chers. Il y aura moins de porc du Québec sur les tablettes de nos épiceries et les marchés internationaux, moins d’emplois dans les régions, moins de revenus fiscaux pour les gouvernements.

Tous les Québécois intéressés qui sortent des écoles d’agriculture, de boucherie ou d’autres métiers pertinents à la filière sont embauchés. Environ 80 % des embauches sont locales, environ 90 % de la main-d’œuvre est francophone. Les conditions de travail ont été améliorées. Plusieurs tâches ont été automatisées, mais les coûts sont élevés – en moyenne, un investissement d’un million de dollars permet de remplacer deux personnes – et la robotisation a ses limites. La complexité des mouvements et la variété de la matière exigent encore l’habileté et l’expérience de travailleurs bien formés.

Les travailleurs étrangers temporaires font un travail exigeant, essentiel pour lequel il y a peu de candidats. Ils ont été embauchés pour des durées de 24 à 36 mois. Nous les avons choisis en fonction de leurs compétences, de leur désir de travailler chez nous. Beaucoup d’entreprises ont investi des millions pour les loger, pour les guider dans leur découverte du Québec, pour les accompagner dans leurs démarches d’installation définitive et pour les franciser. Ils se sont déracinés pour venir nous aider et aujourd’hui les gouvernements du Québec et du Canada leur disent : merci, ce sera tout. Les gouvernements nous demandent de fournir un produit de qualité, selon les meilleures normes environnementales et de bien-être animal. Nous remplissons notre part du marché, il leur revient de corriger le tir.


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